Le “proto” est devenu un fléau pour l’environnement et la santé. Ce qu’il faut savoir
La consommation de protoxyde d’azote aussi appelé “gaz hilarant”, “N2O” ou “proto” avec ballons se poursuit sur le territoire métropolitain. Si au départ le protoxyde d’azote était en vente libre sous la forme de petites capsules pour son usage en restauration dans les siphons de chantilly, les revendeurs ont rapidement développé un marketing agressif (notamment envers les jeunes) avec des vidéos promotionnelles, des cartes de fidélité ou encore de la livraison à domicile en toute illégalité.
Les formats ont rapidement évolué ces dernières années avec désormais la possibilité d’acheter cette drogue “récréative” en grand format : des bonbonnes voire des réservoirs de deux kilos surnommés “tanks”.
Un déchet envahissant et dangereux
En raison de sa proximité avec la Belgique, la région des Hauts-de-France (et en particulier le département du Nord) reste le territoire le plus touché par la consommation de protoxyde d’azote en France devant la région Île-de-France.
En 2024, la présence de cartouches et bonbonnes vides dans l’espace public est une source importante de pollution.
Á Lambersart, cela représente trois caddies de déchets collectés par an sur la chaussée par le service de la propreté et proximité. Sur la Métropole Européenne de Lille, une trentaine de tonnes de bonbonnes de protoxyde d’azote sont collectées chaque année, un chiffre en constante augmentation.
Cette pollution représente également un danger pour le centre de valorisation énergétique (CVE) de la MEL, qui compte en moyenne cinq explosions par heure sur la chaîne de tri. Ces incidents de capsules et bonbonnes mal triées seraient ainsi à l’origine de vingt arrêts de la chaîne de traitement en 2024.
Les dégradations dues à ces explosions coûtent entre 100 000€ et 150 000€, soit un total de 1,2 million en 2024 pour la MEL.
Des risques importants pour la santé Incolore et presque inodore, le “proto” dans son usage comme drogue est classé dans les substances psychotropes à inhaler. Les collégiens en consomment (5,5%), les 15-34 ans en raffolent (25%) et les adultes développent des addictions fortes avec des consommations de
ballons régulières ou excessives pouvant aller jusqu’à 100 ballons par session pour avoir la sensation de “planer”.
Les risques sont pourtant graves sur la santé des consommateurs car la substance neurotoxique du protoxyde agit sur le cerveau, la moelle épinière et le système nerveux périphérique.
Pour alerter sur ce phénomène de santé publique, les centres sociaux de la MEL font appel à des victimes pour sensibiliser les ados face aux dangers de ce gaz.
C’est le cas de Chérif, originaire de Roubaix, qui est devenu paraplégique suite à un AVC dû a une surconsommation : « Je planais, j’étais bien […] Je suis monté à 400 capsules par jour. C’est un engrenage » explique-t-il face à son jeune auditoire. Pour Chérif, ce sont des cellules de son cerveau qui ont gelé, le condamnant à ne plus quitter son fauteuil roulant.
D’autres conséquences sont irréversibles : asphyxie, sclérose en plaques, brûlures et arrêts respiratoires, détresse psychologique, troubles de l’attention, de la mémoire et des apprentissages, etc.