Un senior hébergeant un étudiant, un toit à prix modique contre une présence et de petits services, c’est le concept “d’Un toit à partager”.
À Lambersart, Patricia a accueilli pendant deux ans Théo.
Le 11 juin, Patricia et Théo se sont dit au revoir, sur le pas de la porte de cette maison du quartier Châteaux-Verghelles. En promettant de se donner des nouvelles. Car les liens tissés lors de ces deux ans où l’une a hébergé l’autre sont forts.
Patricia, ancienne éducatrice spécialisée, jeune retraitée, explique comment a commencé l’aventure : « Divorcée, mes trois filles ayant quitté la maison, je me sentais un peu seule le soir et je commençais à réfléchir à accueillir un jeune. Il y a deux ans, je me suis lancée ! » Ce qui a plu à Patricia, c’est l’écoute apportée par l’association Générations et Cultures : « Ils essaient vraiment de connaître les besoins du senior qui accueille. Moi, je voulais héberger un jeune homme, parce que je n’ai eu que des filles ! Et je voulais quelqu’un qui m’aide à l’informatique et pour l’entretien du jardin… »
Pour le reste, Patricia est encore active et engagée dans des associations, et n’avait donc pas besoin d’une aide au quotidien.
À son tour, Théo raconte : « Avec mes études en apprentissage, j’avais besoin de deux logements, l’un près de Lille et l’autre à Compiègne, près de mon entreprise, mes parents habitant eux près de Maubeuge. C’était compliqué financièrement. J’ai cherché sur internet une solution, j’ai trouvé cette association… Ils ont réussi à trouver la personne qui me correspond, qui soit autonome car je ne pouvais pas être là tout le temps, dans un logement à 15 minutes à pied du métro. » D’ailleurs, il a été encore moins que prévu présent chez Patricia, puisqu’avec les confinements successifs, une partie de ses cours a été dispensée à distance.
Pour l’un comme pour l’autre, le bilan est plus que positif. Patricia a apprécié la vie quotidienne avec Théo : « Il est facile à vivre, ça s’est bien passé, dans le respect, et c’est important quand on partage la même salle de bains, la même cuisine… Il m’a bien aidé quand j’en avais besoin, j’avais confiance et je lui ai “laissé les clefs de la maison” quand je me suis absentée ! Chacun préparait son plat le soir mais on mangeait ensemble. L’échange avec les jeunes est super
intéressant, c’est tout un monde dans lequel il m’a fait rentrer ! »
Théo est tout aussi satisfait : « C’est un enrichissement, les échanges avec quelqu’un de différent. On parlait de notre journée, mais aussi d’actualité, de nos visions de la vie. Et puis Patricia m’a aidé pour la fin de mon mémoire d’études, elle l’a corrigé ! »
Alors évidemment, Patricia envisage de repartir dans une nouvelle aventure avec un autre jeune, si l’association lui trouve le profil adéquat.
Comment ça marche ?
Créée en 1981, au départ pour aider les personnes âgées isolées et en précarité à Lille, l’association Vieillir autrement est devenue Générations et Cultures dans les années 90.
“Un toit à partager” est un des dispositifs proposés par l’association, visant « la cohabitation intergénérationnelle solidaire », comme l’explique Lara Abi Saleh, chargée de mission.
L’hébergeur est une personne âgée, parfois un couple, qui souhaite une présence et dispose d’une rentrée d’argent non imposable. L’hébergé est le plus souvent un étudiant ou un alternant, qui accède à une chambre meublée contre un loyer ne dépassant pas 250 €, a le droit à l’APL, et rend quelques menus services, « comme aider avec l’ordinateur, le téléphone portable, de petites tâches du quotidien. il n’y a pas de subordination, l’objectif est de créer un lien convivial et durable ». Elle témoigne de contacts qui demeurent plusieurs années après.
L’avantage de faire appel à cette association : « Nous discernons les attentes et motivations des hébergeurs et des hébergés pour créer le binôme le plus compatible, et nous les accompagnons sur la durée ». Environ 1 000 binômes ont ainsi été créés depuis une dizaine d’années.