Le CCAS modernise son point d’accès numérique et travaille avec des partenaires pour l’accompagnement numérique des personnes qui ont un besoin repéré
« L’illectronisme touche 15 % de la population, en majorité les personnes les plus précaires et les seniors. C’est un vrai problème qui ne fait que s’amplifier car la plupart des démarches administratives imposent de passer par le numérique. L’État parle beaucoup de simplification administrative grâce au numérique, mais pour ceux qui sont en difficulté, cette “simplification” est une forme de transfert de charge ; ils peuvent se sentir abandonnés », expose Pierre Bertin, adjoint à l’action sociale et aux solidarités, qui en précise les conséquences : « On touche là à la possibilité d’accès aux droits. Cette incapacité à utiliser les outils numériques entraîne bien souvent du non-recours et donc l’amplification de difficultés financières. Cela concourt à un sentiment d’isolement ». C’est pourquoi, souligne l’adjoint, « la lutte contre l’illectronisme, qu’on appelle aussi la fracture numérique, est une de nos priorités ».
Depuis deux ans, un point numérique existait déjà au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), avec un agent disponible à proximité. « La liste de sites internet accessibles était limitée, en résumé aux services publics essentiels, et l’ordinateur était difficile d’usage ».
À présent, le lieu est séparé par une cloison pour garantir la confidentialité, il est bien signalé, en accès libre mais on peut aussi prendre rendez-vous pour bénéficier de l’aide d’un agent formé. L’accèsinternet a été élargi à la plupart des sites utiles aux démarches, et surtout, les usagers bénéficient d’une imprimante
et de la possibilité de scanner les pièces qui leur sont souvent demandées par les administrations.
Un forum, des interventions à domicile, un kit d’orientation
Le CCAS s’appuie aussi sur une dynamique partenariale très constructive. Avec la Maison Nord Solidarité (instance du Département), le centre social Lino-Ventura et le collectif des Centres sociaux connectés, il a été décidé de créer un comité d’inclusion numérique. « Nous avons mis en commun nos complémentarités, nos spécificités, analysé les trous dans la raquette... », explique Aurélie Aïtouche,
directrice adjointe du CCAS.
Ce comité a développé trois projets. Premier résultat, un forum Tous connectés l’an dernier dans les locaux du centre social, « qui a été l’occasion de mieux connaître les attentes et besoins des habitants dans le numérique ». Différentes thématiques ont été abordées : accès aux droits en ligne, parentalité, numérique au quotidien…
Ensuite le dispositif Solidarité seniors d’Unis-cités a été mobilisé sur Lambersart à partir de fin 2023. Deux jeunes en service civique sont intervenus auprès d’une dizaine de personnes âgées pour les aider dans leurs démarches numériques sur un créneau hebdomadaire.
Ils seront à nouveau deux pour cette mission à partir du 1er décembre 2024. Les seniors sont orientés vers ce dispositif par le CCAS et ses partenaires. Enfin, en ce moment, un kit d’orientation numérique est en cours de finalisation, à partir d’un modèle proposé par les Centres sociaux connectés. C’est un livret avec des feuillets détachables qui comprend plusieurs rubriques : évaluation, avec un questionnaire sur votre niveau informatique, vos compétences ; orientation, pour évaluer les besoins numériques (s’informer, communiquer, se divertir, réaliser des démarches…) ; et ressources, avec une fiche par
partenaire local pour connaître les offres d’accompagnement numérique. Là aussi, il sera mis à disposition de personnes qui sont repérées ou qui le demandent.
Illectronisme
difficulté, voire incapacité, à utiliser les appareils numériques et les outils informatiques en raison d’un manque ou d’une absence de connaissances à propos de leur fonctionnement.
15 % des Français de plus de 15 ans sont en situation d’illectronisme. 28 % des usagers d’internet ont des compétences numériques faibles.
« Utiliser un ordinateur me semble compliqué »
« Employée de maison chez des particuliers, je n’ai jamais eu les moyens de m’acheter un ordinateur ni le temps d’apprendre à m’en servir. Je ne sais pas envoyer un email, ni accéder seule aux sites internet des organismes. Le CCAS de Lambersart m’a beaucoup aidée quand j’ai eu besoin d’un logement social. Une assistante sociale m’a très bien accompagnée, ainsi que le service logement. J’ai obtenu ce logement et je suis heureuse. Mais bien sûr, je continue de venir au CCAS pour pouvoir me connecter sur ordinateur, car aujourd’hui, de nombreuses démarches se font ainsi, en particulier la demande de prime pour l’emploi trimestrielle, alors je prends rendez-vous et je suis aidée par Isabel ou un autre agent. J’ai 62 ans et quand je serai à la retraite, j’espère avoir le temps d’apprendre à me servir d’un ordinateur. »