Lors des activités du temps du midi, deux écoles proposent depuis mai une malle jeu libre, avec des objets du quotidien qui permettent de développer l’imaginaire des enfants

08/11/2024

Depuis mai dernier, à l’école Rameau comme à l’école du Sacré-coeur, une malle jeu libre est à disposition des enfants des classes élémentaires. De quoi s’agit-il ? Entre les cours du matin et ceux de l’après-midi, avant ou après le repas à la cantine, il reste du temps aux enfants pour se détendre, et les animateurs de ce “temps du midi” proposent habituellement au choix du sport, des activités manuelles, un coin lecture, du dessin...

En mai dernier, une nouvelle proposition est venue s’ajouter, avec l’accord des directeurs des deux écoles et l’investissement des équipes d’animateurs, en particulier leurs responsables pour les deux écoles, Emelyne Doisy et Laëtitia Lefébure. « L’idée a été proposée par Mme Pichonat, notre élue aux écoles, d’après une expérience qui avait été menée à Lyon. Il s’agit de proposer des objets du quotidien à détourner pour inventer des jeux avec », explique Laëtitia. Bref, de jouer « comme avant ». Elle souligne : « On se plaint du temps que les enfants passent sur les écrans mais on leur a enlevé les supports de jeux que nous avions petits, du coup leur imaginaire est restreint. »

Emelyne continue : « Nous avons déterminé ce qu’on pouvait mettre dans cette malle, en refusant certains objets qui peuvent être dangereux, puis nous avons fait appel aux parents et même aux agents de la mairie pour récupérer des objets ».

Cela a bien fonctionné : « Nous avons eu des dînettes, des cuisines, des poêles, des seaux, du linge, des legos, des livres, de l’électronique sans câble, comme des casques ou des claviers... »
« J’ai convaincu l’équipe d’animateurs en leur demandant de se mettre à la place d’un enfant, puis on a juste mis la malle, étalé les objets, et les enfants ont très vite compris le principe. Au début, ils posaient des questions sur ce qu’ils pouvaient faire, on les a encouragés à laisser libre cours à leur imagination », raconte Laëtitia.

“Faire semblant” et apprendre la coopération
« Cela a donné des cabanes avec des bâtons et des draps, un restaurant avec de la dînette, un casque de jeu qui permet de se muer en commentateur de football, des déguisements avec lesquels certains nous ont monté un petit spectacle... » détaille-t-elle.
« Ils se mettent par petits groupes pour jouer, font du troc, échangent des pièces de jeu. J’ai vu une moto en lego, une crosse de hockey servir de balai… », sourit Emelyne. « Ce type d’activités, au-delà de favoriser l’imaginaire, développe l’estime de soi, car on apprend par soi-même et par les autres, on teste ses limites. Cela permet aussi d’apprendre certains codes sociaux, comme la coopération, le partage. Cela crée de la mixité. Tout cela fait partie de notre projet pédagogique », notent les directrices.

Autre intérêt : « La malle jeu libre remet en question nos pratiques d’animateur », souligne Laëtitia. « Par exemple, on se demandait quand intervenir. En fait, nous expliquons pourquoi nous ne sommes pas d’accord, essentiellement pour des raisons de sécurité, en utilisant la communication non-violente. Et puis, nous sommes de plus en plus intégrés à leurs jeux, cela crée un lien de confiance avec l’adulte. »
Du côté des enfants, les qualificatifs qui reviennent le plus souvent sont « on fait semblant », « on invente des jeux », « ça change », « c’est rigolo ».

Bref, testée dans ces deux écoles aux effectifs limités, la malle jeu libre est un « grand succès » ! Elle est de retour pour cette nouvelle année scolaire, et devrait être mise en oeuvre rapidement dans d’autres écoles élémentaires.