Le débat sur les orientations budgétaires pour 2026 ainsi que des questions d’urbanisme et de logement ont occupé l’essentiel de la séance.
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C’est en octobre qu’a lieu chaque année à Lambersart le débat sur le rapport d’orientations budgétaires pour l’année suivante, sans vote, rappelons-le : le vote du budget est prévu, lui, en décembre. C’était donc le principal morceau du conseil municipal, d’autant plus que le contexte national est complexe.
Après que Barbara-Leroy Laidebeur, adjointe aux ressources humaines, a passé en revue diverses délibérations en lien avec les ressources humaines, notamment le rapport égalité hommes femmes, Kacem Lemtiri, adjoint aux finances, a d’abord abordé une série de questions financières, en particulier des demandes de subvention pour la rénovation du terrain d’honneur et la piste d’athlétisme du stade Guy-Lefort (1,86 million de coût estimé), pour des équipements de sonorisation et d’éclairage de la salle Malraux (48835 € de coût estimé) et pour la rénovation du système de vidéoprotection (135 113 € de coût estimé). « Ce sont des délibérations de précaution », a expliqué le maire ; elles permettront de ne pas attendre la remise en route de la MEL après les élections municipales de 2026. Si l’équipe élue changeait d’avis sur ces travaux, elle pourra revenir en arrière.
Un contexte national préoccupant
Puis l’adjoint en est venu au rapport d’orientations budgétaires. Il s’agit de « répondre aux préoccupations des Lambersartois tout en intégrant les contraintes nationales et la situation financière de la ville ». Faisant le bilan de 2025, il s’est réjoui d’une « certaine hausse des recettes fiscales grâce à revalorisation de la valeur cadastrale », déplorant en revanche une diminution importante des « dotations et participations ». Les droits de mutation, eux, semblent revenus au niveau observé en 2018 puis 2023. Il a souligné la capacité d’autofinancement qui augmente régulièrement, permettant un excédent en fonctionnement versé vers l’investissement, « mais ce n’est pas une somme exceptionnelle pour une ville de près de 30 000 habitants », et la baisse de l’endettement, passé de 17,6 millions en 2020 à 10,3 millions fin 2025.
Pour autant, l’inquiétude est là et vient du contexte national. « La situation économique de la France se dégrade, avec une dette publique qui augmente et une croissance atone ; cela va peser sur les finances des collectivités auxquelles un effort sera demandé par l’État ». Au programme, divers coup de rabot, sur la Dotation Globale de Fonctionnement, le Fonds de compensation de la TVA, le Fonds vert, etc.
Les taux restent inchangés
Aussi, en 2026, les recettes seront toujours marquées par une augmentation des produits des taxes et une baisse des dotations de l’Etat. Dans ce contexte, la municipalité prévoit des taux d’imposition sur le foncier inchangés, et le maintien de la majoration sur les résidences secondaires.
En matière de dépenses de fonctionnement, l’élu a remercié les services pour leur travail afin de tenir l’effort de stabilisation. Les charges de personnel, surestimées en 2025, baissent un peu.
Au niveau de l’investissement, les principales dépenses sont la réfection du terrain d’honneur du stade Guy-Lefort, la fin des travaux du restaurant scolaire République, le début des travaux d’agrandissement de la Cabane à grandir, toujours au Canon d’or, sans oublier les rénovations d’aires de jeux et de cours d’école. Il faut aussi entretenir le patrimoine existant. Sont programmés le changement des menuiseries du rez-de-chaussée de l’hôtel de ville, mais aussi du centre Jules-Maillot et de la salle Malraux, la réfection de la façade et des châssis de l’école Maintenon côté cour, la réfection de la toiture de l’église Saint-Sépulcre à Canteleu...
Enfin, l’élu a terminé sur les ratios par rapport aux communes de la même strate, se félicitant du faible encours de la dette, mais relevant des recettes et dépenses de fonctionnement moindres.
L’heure du débat
A l’heure du débat, Christophe Caudron, du groupe Lambersart avec vous, s’est interrogé : « Quel débat pour quel budget ? Il pourra être amendé après les élections par budget supplémentaire. » Il a aussi estimé que « ce ROB arrive tôt car on n’a pas de loi de finances par l’Etat ». Il a regretté la « suppression de la taxe d’habitation », « les coups de rabot mais jamais de vraie réforme de fond » de l’État, suggérant que des pays du sud de l’Europe « ont fait des réformes et vont bien ». « Pourtant les besoins sont là. On vous suit pleinement sur la transition écologique, sur l’aide aux plus démunis, sur la stabilité fiscale ». Il s’est cette année encore insurgé contre l’absence du recours à l’emprunt pour l’investissement : « C’est un outil de gestion, un effet de levier. Pourquoi pressurer à ce point le fonctionnement quand la construction d’un équipement s’amortit sur une durée longue ? »
Pierre-Yves Pira, du groupe Lambersart sociale, écologique et solidaire, a noté un « climat pas réjouissant, des inégalités qui s’aggravent ». « Il est de plus en plus difficile pour une commune de boucler son budget. Vous faites le choix de pas augmenter le taux des taxes et de maintenir les services proposés. Combien de temps la commune tiendra-t-elle ainsi ? » Il s’est réjoui que les finances de la commune se soient améliorées, mais a déploré « les efforts trop intenses demandés aux services de la mairie ». Rappelant la perte de la Dotation de Solidarité Urbaine et la pénalité dans le cadre de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain, « à cause de l’évolution du profil des Lambersartois », il a souligné : « Nous payons le prix d’un manque de mixité sociale ». Il a logiquement salué le choix de la Ville d’intégrer des baux réels solidaires dans les nouveaux programmes immobiliers (lire plus bas). « Notre commune a besoin de jeunes pour retrouver du dynamisme sinon il y aura perte de services, fermeture de classes. Seule l’arrivée de nouveaux habitants permettra de ne pas augmenter les impôts ». Sur l’emprunt, il a estimé qu’il y avait des possibilités « sans plomber les comptes ni dépenser à tout va ». Il a enfin dit son soutien aux politiques de transition écologique et de démocratie participative.
En réponse à M.Caudron, Kacem Lemtiri a estimé que « si on ne faisait pas des économies, on n’aurait pas pu avoir de l’excédent de fonctionnement et investir. » A M.Pira, il a répondu : « Je suis d’accord avec 90 % de ce que vous dites, on avance avec une incertitude absolue ». Nicolas Bouche, sur le sujet de l’emprunt, a ajouté : « On a fait le débat six fois. Le remboursement de la dette, c’est 25 % de nos investissements. Je ne vais pas léguer à mes successeurs une dette. On va investir en fonction de nos moyens, et nos moyens s’améliorent, pas parce que nous avons plus de recettes mais parce que nous gérons mieux ». Pour le reste, il a confirmé : « Les incertitudes sont là, la Ville continue à vivre, à avancer, l’équipe élue modifiera le budget ».
Un dispositif pour l’accession abordable
Après ce débat, Pierre Bertin, adjoint à l’action sociale, a présenté une importante délibération : l’instauration d’un cadre pour le développement de l’accession abordable, via le bail réel solidaire (BRS). Il s’agit de dissocier la propriété du foncier de la propriété du bâti, une possibilité permise par une loi de 2023 : le propriétaire acquiert le bâti et paie une redevance modeste pour la location du foncier. C’est un organisme foncier à but non lucratif qui reste propriétaire du terrain. D’autres garde-fous sont prévus comme le contrôle du prix d’achat et de revente du bâti par les propriétaires successifs. « Le BRS est une des solutions pour répondre à la baisse de la population et permettre l’accession à la propriété de jeunes ménages, de familles monoparentales, dans une ville où les logements sont plus grands que la moyenne et les prix de vente élevés ». Le BRS sera introduit dans plusieurs programmes immobiliers en cours et à venir à Lambersart : au total 75 logements en projet sont concernés.
Emmanuelle Pichonat, adjointe aux écoles, a ensuite fait approuver par ses collègues la fusion des écoles maternelle Mozart et élémentaire Loti aux Conquérants, entérinée pour la rentrée 2026, avec l’abstention du groupe de M.Pira qui craint à l’avenir la fermeture d’une classe et la perte d’un poste. Chantal Cousin, adjointe à la culture, a fait voter le renouvellement de la convention avec la MEL pour le financement du Colysée à hauteur de 70 000 €, une subvention à l’exploitant privé du cinéma de 10 000 €, et le renouvellement des aides aux bibliothèques associatives qui bénéficient déjà de la mise à disposition de locaux municipaux. L’occasion pour M.Pira de rappeler sa volonté que « Lambersart se dote d’une vraie bibliothèque municipale ».
Quant à Laurent Frappart, du groupe Lambersart avec vous, il a regretté « l’oubli de l’accompagnement économique de proximité ces dernières années », à l’occasion d’une délibération sur l’ouverture des commerces le dimanche.
Urbanisme et débat
Le conseil a ensuite abordé des délibérations ayant trait à l’urbanisme.
Bertin Lembrez, conseiller délégué au logement, a annoncé la démolition du bâtiment à l’angle de l’avenue de Dunkerque et de la rue de la Carnoy et la construction de 5 logements sociaux par LMH, suite à l’acquisition par ville du site pour 305 000 €. Il y aura aussi un rez-de-chaussée commercial et un garage. « Cela permettra de neutraliser 600 000 euros d’amende SRU ». Autre acquisition par la Ville, celle d’une parcelle de 7000 m2 appartenant à VNF sur la plaine du Colysée, pour 95 850 euros. Il s’agit là de « reprendre la maîtrise des terrains qui bordent la Deûle et le Colysée ». L’élu a ensuite abordé le compte-rendu de la démarche de concertation pour l’aménagement du site Bonte, propriété de la MEL. « Un bilan obligatoire qui clôt une concertation formelle, qui ne dit rien de l’animation transitoire du site cette année et de l’occupation transitoire par des tiny houses à venir ». Ce bilan sera présenté à la population sous forme d’un forum public en décembre. L’occasion de rappeler qu’en 2020, la municipalité a « préféré rouvrir ce dossier bouclé par la précédente municipalité » et proposer la concertation aux habitants. Ce vote a recueilli 6 abstentions, dont celles du groupe Lambersart avec vous. Dans le même esprit, Nicolas Burlion, conseiller délégué à l’urbanisme, a présenté le bilan de la concertation pour le projet sur le site des Briqueteries du Nord. Il a fait notamment un point détaillé sur les nombreux apports de la concertation pour améliorer le projet, et montré un plan général du site et des différentes perspectives architecturales et environnementales. Une présentation de ce bilan et des projets sur les lots de la rue Eugène-Descamps est prévue le 5 novembre.
Laurent Frappart a alors pris la parole pour « s’interroger » : « On additionne beaucoup de nouveaux logements mais quelle est la vision à l’échelle de la ville ? Quel est le sens qu’on va donner à ces lieux de vie ? Je préfère une ville polyvalente, capable de répondre aux besoins de demain ». Nicolas Burlion a rappelé que ces projets n’étaient pas à l’initiative de la ville. Il a aussi rappelé le cadre des projets imposé aux promoteurs, avec « le lien social, la transition écologique, la diversité urbaine, les transports structurants à proximité. » Nicolas Bouche a été plus cinglant. « Ça fait 5 ans qu’on en parle, et vous vous abstenez maintenant. Je ne peux pas m’empêcher d’y voir les élections qui approchent. Pour Bonte, tout était ficelé par nos prédécesseurs dont vous faisiez partie et on est reparti à zéro. Et nous diversifions, il y a du logement, des activités, des crèches, des commerces. Nous allons voter cette concertation, car elle a été bien menée. (…) Si certains veulent faire de la démagogie parce que les élections approchent, honte sur eux ! »
Le site de l’école Sainte-Thérèse
Enfin, le conseil municipal s’est terminé sur une question orale de Pierre-Yves Pira, relayant l’« inquiétude des habitants » sur la revente de l’école Sainte-Thérèse à la Cité familiale, et demandant si la Ville pourrait préempter le terrain le temps de réfléchir. Bertin Lembrez a convenu qu’il s’agissait d’un lieu fort du quartier. « La Ville a étudié la possibilité d’acquérir le site mais on ne peut préempter sans projet précis » et le montant, 800 000 euros, n’est pas raisonnable. « Nous avons rencontré le diocèse, propriétaire du site, et la paroisse. Nous souhaitons que ce site reste un lieu de rencontre, un poumon pour le quartier. Pour l’instant, il y a le projet d’une maison médicale. La proposition nous séduit mais rien n’est encore concrètement engagé. Si cela continue, nous avons exigé une réunion d’information avec les riverains. »
Le prochain conseil municipal aura lieu le jeudi 18 décembre à 18h à l’hôtel de ville.