La MEL, accompagnée par la ville, n’a pas attendu la réunion d’information du 28 janvier pour débuter la concertation sur le devenir de la friche Bonte. Mais c’est maintenant, alors que l’on connaît l’aménageur et les architectes, que les Lambersartois vont jouer leur rôle d’aiguillon prescripteur.
Il faut du courage pour s’exprimer, quelle que soit son opinion, surtout devant une salle du conseil municipal pleine à craquer. Et tout aura été entendu ce 28 janvier : « Votre projet, on n’en veut pas ! » ;« Vous voulez faire un bout de chemin avec nous pour réaliser votre projet, je trouve cela positif » ; « La concertation, c’est pour faire beau » ou encore : « Je suis enchanté d’être dans une ville qui impose 40 % de logements sociaux ». Que ce soit pour cette friche Bonte, le projet Point P à Canteleu ou les ex-Briquèteries Du Nord dans le quartier Nord-Ouest, les avis sont tranchés et éloignés les uns des autres. Tout le travail de la MEL, de Vilogia, l’aménageur, de ses partenaires et de la Ville sera de faire en sorte qu’à la fin, chacun, après avoir fait valoir ses droits, ses craintes ou ses souhaits sur le devenir de la friche, se rapproche d’un « idéal » commun et que le projet Bonte ressemble le plus possible aux Lambersartois, à leurs besoins et respecte l’intérêt général.
Avant 2016, la friche Bonte, longeant la voie ferrée, entre l’avenue de Dunkerque et l’avenue de l’Hippodrome, aurait dû « devenir une route à deux fois deux voies, complétée d’une voie de bus de haute performance le long de la voie ferrée » a rappelé Nicolas Burlion, élu à l’urbanisme. Bertin Lembrez, élu au logement a remémoré qu’en 2018, « une fois le projet de la LINO avorté, la municipalité avait déjà en tête un premier projet d’aménagement pour lequel les Lambersatois n’auraient été consultés que pour choisir la couleur des candélabres ». C’est seulement à partir de 2020 et l’arrivée de la municipalité actuelle, qu’il a été acté de mettre en place une large concertation sur le devenir de la friche.
Une nouvelle phase de concertation
Cette nouvelle phase de concertation qui débute est cadrée par une fiche d’OAP (Orientation d’Aménagement et de Programmation) inscrite au Plan local d’urbanisme de la MEL, dans laquelle des invariants ont été définis pour le quartier lors de la précédente concertation de 2021 : 350 logements, 700 m² de commerces et de services en rez-de chaussée, une desserte par un axe longeant le Lidl, l’intégration de la future voie verte au site, l’implantation d’une frange paysagère, la préservation d’espaces verts dont celui dit de la plaine et pas d’ouverture du site de projet sur les impasses existantes.
Répondant à ceux qui ne souhaitent pas de logements, Bertin Lembrez a souligné l’importance d’en construire : « La ville de Lambersart a perdu 2 000 habitants en trente ans, malgré les 3000 logements supplémentaires construits durant la même période, c’est une ville dont la moyenne d’âge augmente, qui peut perdre des services publics avec des classes qui ferment ou moins de transports en commun ». L’élu a indiqué également combien le non-respect de la Loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) imposant 25% de logements conventionnés a impacté les finances de la Ville, qui a perdu 1,3 M€ de dotation de SRU et la « contrainte de payer une amende annuelle de 313 000€ ». Céline Leroy, cheffe de projet à la MEL, abonde quand elle évoque pour sa part la politique publique de logements de la MEL dont « l’objectif est de créer 6 000 logements par an pour répondre à la demande tout en maintenant les espaces verts ».
Qualité paysagère et respect du voisinage
Il faudra du temps pour lever les craintes chez certains habitants. Mais que ce soit Céline Leroy ou Guillaume Hequet, directeur du Pôle Aménagement et Développement Immobilier de Vilogia, les deux ont évoqué la nécessité « de travailler et de réfléchir à la méthode pour vous associer et faire ensemble ». La directrice du projet, l’architecte-urbaniste du studio Sanna Baldé, Delphine Baldé, a quant à elle « senti votre envie de participer. Nous réfléchirons ensemble à la ville de demain. Et pour que ce quartier soit réussi, il faut qu’il vous ressemble ». L’architecte a d’ailleurs affirmé « qu’il n’y aura pas d’effacement ! Le site a une identité et nous travaillerons sur ce qui existe », en étant vigilant sur la qualité paysagère et le respect du voisinage. C’est ce qu’a suggéré Jérémie Chachuat, son collègue architecte-urbaniste, qui sait déjà « que 50 % du site sera de pleine terre et qu’il faudra débattre ensemble des usages des aires de jeux, des lieux de rencontre, du parc, de la place de la voiture, de l’implantation et de la volumétrie des bâtiments, avec l’objectif de tendre vers un quartier exemplaire au cadre de vie durable et désirable ».
Comme souvent, après près d’une heure de questions réponses, Nicolas Bouche, maire, a clos les débats. « C’est bientôt les élections et ceux qui vous font croire que cet espace qui appartient à la MEL peut rester en l’état sont dans le fantasme et sont des menteurs ! La friche pourrait devenir un parc s’il y avait des logements pour tous mais ce n’est pas le cas. Il y a un principe de réalité et sur cet espace proche du métro, il y aura des logements, un parc et des services. Alors que faisons-nous ? Subir ? Nous avons décidé de nous et de tous vous impliquer pour être entendus et votre participation sera très importante ».
Programme 2025 de la concertation
- balade in-situ avec l’urbaniste
- atelier environnement et biodiversité
- atelier espaces publics, usages et mobilité
- rencontre avec les voisins
- présentation du projet urbain à la suite de toutes ces étapes
Une occupation transitoire avec des aménagements de plein air
Alors que le permis de construire d’aménagement ne sera signé qu’en 2026 et que les premiers habitants ne sont attendus sur le site que pour 2029, en 2025, la friche Bonte bénéficiera d’une occupation transitoire.
Les premiers aménagements de plein air sont attendus pour la belle saison. Il s’agira d’imaginer avec les habitants des lieux de rencontre et des animations un week-end sur deux mais aussi de laisser la possibilité aux associations d’animer les lieux à proximité de l’ancienne usine de pompage.
Viendra ensuite la réhabilitation de l’ancienne usine qui deviendra également un lieu de rencontre.
Quatre tiny houses portées par l’association des Chtites Maisons Solidaires seront aussi installées sur le terrain à l’orée de l’été 2025.