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Compte-rendu
Les conseillers municipaux se sont quittés bons amis sous les coups de 21h30 ce jeudi 19 décembre en se souhaitant de joyeuses fêtes. C’est comme ça à Lambersart, on peut débattre, à fleurets mouchetés, s’opposer vigoureusement, mais à la fin, en gentlemen on se sert une bonne poignée de mains. Pourtant il y a eu de belles passes d’armes et une vrai ligne de fracture entre majorité et opposition symbolisée par l’emprunt, alors que le conseil votait le budget. Pour les uns, c’est idiot de ne pas emprunter, et pour les autres, notamment pour le maire, « l’emprunt c’est en cas d’urgence ». On y reviendra.
Avant cette montée en température, les élus ont fait montre de solidarité avec Mayotte en partageant une minute de silence. L’occasion pour Nicolas Bouche d’annoncer pour le prochain conseil « le vote d’une subvention pour venir en aide à la population ».
A table
Ensuite, les élus en sont vite venus au menu de la soirée. Il était particulièrement copieux et parfois épicé. Les premiers débats ont tourné autour des augmentations des tarifs de cantine et des centres de loisirs de l’ordre de 4 % au 1er janvier. Pour la cantine, David Blanquart, l’élu en charge, a rappelé le contexte : « Hausse du point d’indice du fonctionnaire, du coût de l’énergie, des denrées alimentaires, etc ». Cette hausse ne coûtera que quelques centimes de plus aux usagers « soit une augmentation de janvier à juillet allant de 1,85€ à 15,72€ selon le coefficient familial » dit-il. Si pour vous ce n’est pas « bézef », pour les oppositions, la pilule est difficile à avaler. « Ne laissez pas les familles de côté » en conjure Alain Mazereeuw de Lambersart Ecouter et Agir, quand Julien Boisse de Lambersart Sociale, Ecologique et Solidaire s’oppose fermement, rappelant : « Tout augmente : l’électricité, les mutuelles, le panier de courses, etc. » et d’ajouter « le repas de cantine est parfois le seul repas de qualité de la journée ». Nicolas Bouche a clos ce premier débat en invoquant « une saine gestion ! Sans augmentation, c’est intenable et nous restons solidaire », rappelons que pour les plus fragiles le repas passe de 0,55 à 0,57 centimes !
Autre augmentation, le tarif des activités de centre de loisirs, et c’est Emmanuelle Pichonat, élue en charge, qui s’y est collée. L’élue a souligné les mêmes augmentations que subit la Ville. Aux mêmes maux, les mêmes remèdes avec des augmentations minimes allant par exemple, pour une semaine, pour les centres de loisirs de 0,45 centimes à 3,37€ de hausse. Julien Boisse a une nouvelle fois contesté, invoquant ici « les placements de la Ville rapportant 12 000€ sur deux mois » et qui trouveraient ici de quoi alimenter la caisse.
Budget à fracturation
Le conseil s’est ensuite poursuivi avec le vote du budget primitif 2025. Kacem Lemtiri, élu aux finances, a démarré son exposé par quelques éléments de contexte. Si l’instabilité politique a permis d’épargner les collectivités territoriales, « jusqu’à quand ? » La réduction drastique du Fonds vert, « passant de 2,5 milliards à 1 milliard, est une très mauvaise nouvelle pour les projets liés à la transition écologique ». Autant dire que pour bénéficier de subventions, il faudra repasser. Autre mauvaise nouvelle intégrée depuis quelques temps déjà : « La perte de la DSU de 1,4 million d’euros ».
Bonne nouvelle en revanche pour les Lambersartois, la taxe foncière sur le bâti et non-bâti reste inchangée pour 2025. La taxe d’habitation pour les résidences secondaires, quant à elle, passe de 37,72 % à 60,35 %, « ce qui pourrait rapporter jusqu’à 250 000€ à la ville ». En effet, on compte aujourd’hui 169 résidences secondaires à Lambersart.
Dans le budget, ce qui intéresse les Lambersartois, ce sont les projets pour 2025. Kacem Lemtiri évoque ici trois familles de projets. La première concerne l’entretien du patrimoine dont deux gros postes : la réfection de la toiture de Saint Calixte pour 140 000€ et la pose de panneaux photovoltaïques salle Coubertin pour 800 000€. La deuxième famille, la voirie, est moins importante, mais il est budgété notamment 65 000€ pour les aires de jeux. La troisième famille, la plus onéreuse, concerne les projets du mandat : 2 700 000€ pour le restaurant scolaire République, 182 000 pour la garderie la Cabane à grandir, 150 000€ pour l’aménagement du parc des Charmettes ou encore 70 000€ pour le projet cour d’école. Il y a du pain sur la planche.
L’élu aux finances a ensuite laissé les oppositions s’opposer. Il y a toujours un peu de grain à moudre. Christophe Caudron est le principal alter ego. Il connaît le poste d’adjoint aux finances et tous les rouages. Il a toujours préféré bâtir un budget en mars, en décembre « c’est trop tôt ». La Ville manquerait de billes. Christophe Caudron souligne les efforts de maîtrise de charges de fonctionnement, « Lambersart est une ville pauvre » explique-t-il. Pauvre mais pourtant peu après il dira : « Cessons de dire que nous n’avons pas d’argent ! » en évoquant les 2,3 millions placés par la Ville. « Vous faites des choix : le photovoltaïque c’est bien, le restaurant scolaire c’est bien, mais nous ne sommes pas obligés d’autofinancer, on peut aussi emprunter ! ». Comme souvent il tirera de son opposition une des plus belles tirades de la soirée : « L’emprunt, ce n’est pas Ulysse et les Sirènes ». L’autre point de fracture entre Christophe Caudron et la majorité, c’est l’éclairage public, l’un veut rallumer les feux, la majorité, par Nicolas Burlion, conseiller en charge, n’en veut pas « pour préserver la biodiversité ». Troisième fracture : « Les caméras de vidéosurveillance qui ne sont pas votre tasse de thè » pour Christophe Caudron, quand Nicolas Bouche en pragmatique en installera quand on lui prouvera leur efficacité. Irréconciliables sur ces questions depuis 2020.
Pierre-Yves Pira de Lambersart Sociale, Ecologique et Solidaire a lui aussi pris la parole longuement, soulignant « un budget qui n’a rien d’électoraliste et pas à la hauteur de la situation ». Lui aussi voudrait plus d’emprunt pour « donner de l’air à la section de fonctionnement ». Incompatible pour le maire, en effet, on rembourse comment l’emprunt ? Pierre-Yves Pira se désole de l’augmentation des tarifs, de la suppression de la DSU qui contreviennent à l’esprit de solidarité qui doivent animer la ville. L’élu pense que la Ville pourrait lâcher du lest : « N’a-t-elle pas capitalisé 10 millions d’euros ? » interroge-t-il. Il aura une dernière supplique : « Investissez sur l’humain et le plus tôt sera le mieux ».
Une dernière pique qui fâchera Kacem Lemtiri : « Depuis 2020, nous « déprécarisons », nous embauchons et rationalisons le personnel ! » Nicolas Bouche clôturera le débat sur le budget en convenant : « Nous avons une vision différente ! Nos placements serviront à l’investissement ». Le maire a rappelé pourquoi il était prudent et pourquoi son budget n’était pas électoraliste après avoir lancé : « 2026 approche et nous on s’en fiche ! ». « En 2019, les dotations s’élevaient à 7,6 millions d’euros alors qu’aujourd’hui elles ne sont plus que de 5,1 m€. Nous avons moins d’argent aujourd’hui alors que tout augmente ». Le maire n’a pas lâché sa proie : « Si je vous écoutais, nous aurions emprunté dès 2021 et aujourd’hui cela amputerait le budget de fonctionnement de 120 000€ ». Pour Nicolas Bouche, « nous bâtissons nos projets en fonction de nos revenus ». Le maire n’a pas non plus apprécié d’âtre attaqué sur son manque d’humanité : « Nous n’investissons pas sur l’humain ? Et l’épicerie solidaire et l’accueil des enfants dès 8h et la déprécarisation du personnel ? ».
Abbé Pierre à la rue
Le budget voté, il a aussi été question en fin de conseil de dénomination. Après les explications de Nicolas Burlion, le conseil a voté pour que la plaine du COSEC devienne Plaine Norbert-Ségard. Ce nom était en concurrence avec celui d’Alice Milliat, sportive et la ville de Kaniv. Alain Mazereeuw a parlé avec passion de l’Ukraine et du drame que vivent les Ukrainiens tout comme Chantal Cousin a donné de nombreux arguments pour faire balancer le choix vers Alice Milliat, mais la majorité, pour des raisons pratiques mais aussi par respect du choix des riverains, a choisi Norbert Segard. Le parvis Abbé-Pierre face à l’entrée de la salle Pierre de Coubertin a lui aussi changé de nom. Ici le conseil a voté pour Thérèse Tryoen, une des fondatrices du centre social Lino-Ventura. Elle aura aussi été présidente de la structure et mère de 10 enfants. Pierre-Yves Pira s’est félicité « de faire partie d’un conseil municipal qui féminise le nom des rues. »
Évidemment le conseil a abordé d’autres thèmes tout au long de la soirée. Il a été question de prix glanés par la Ville pour son réseau d’objets connectés, pour son Lambersart Info ou encore son sens de l’accueil en mairie. Le conseil a été l’occasion d’évoquer les subventions aux associations, la reconduction du PLIE (Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi), la gestion du gaspillage en cantine, etc.
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