Voilà deux ans et demi que la concertation a commencé pour l’aménagement du site des ex-Briqueteries du Nord, 5, 7 hectares à la lisière de Lomme et Lambersart, acquis par le promoteur Quartus et le bailleur CDC Habitat, qui ont formé pour ce projet la SAS La Briqueterie. Depuis cette première réunion publique de mars 2022, dédiée à la concertation pour la définition de l’OAP (Orientations d’Aménagement et de Programmation) au Plan Local d’Urbanisme, de nombreux temps d’échanges ont suivi : restitution des ambitions du projet, ateliers participatifs sur les formes urbaines, les espaces verts et les espaces publics, rencontres des représentants d’associations de quartier, présentation des orientations générales du site, visites du quartier Euratechnologies comme exemple inspirant...
Ce mercredi 18 septembre, ce n’était rien moins que le 10e moment de concertation, en présence des promoteurs, du cabinet d’architectes urbanistes Saison Menu, du cabinet paysagiste Slap, et du bureau d’études Projex, spécialisé dans les voiries et réseaux et des élus municipaux. Il s’agissait de présenter à la population du quartier Nord-Ouest les composantes essentielles du permis d’aménager qui sera déposé prochainement, pour un site qui accueillera environ 550 logements de tous types (accession libre, abordable, locatif conventionné et privé, habitat inclusif) mais aussi des commerces, des services, une résidence étudiante et des espaces publics et verts. « Nous avons aussi fait faire des études géotechniques, sur la faune et la flore, sur la pollution etc, afin d’avoir les éléments qui permettent de concevoir le projet le plus adapté aux contraintes du site », a expliqué le représentant de Quartus.
Des espaces publics et 9 lots à construire
Au final, cela donne des documents qui matérialisent précisément les îlots privés, conçus comme 9 lots différents à construire, et les espaces publics (espaces verts, places, voiries, chemins). Ils définissent donc les axes de déplacements, automobiles et doux, avec la volonté d’éviter la traversée automobile du site, et la place de l’environnement : 52 % du site en pleine terre, un total de 3,4 hectares de végétation, l’accent mis sur les énergies renouvelables, et 20 % des constructions qui respecteront les normes environnementales de 2028. Mais aussi la surface totale de plancher, 45 000 m², la nature des programmes, les hauteurs, qui vont du R+2 en bordure du site au R+4 en coeur de projet, les types d’architecture. En revanche, cela ne définit pas avec précision l’architecture de chaque bâtiment : « Les formes présentées ne sont pas les formes définitives, elles sont là pour montrer qu’il est possible de respecter à la fois le cadre du projet et les règles d’urbanisme », a expliqué la représentante de Saison Menu.
Les 9 lots sont répartis ainsi :
- un lot qui sera cédé à Engie pour une chaufferie biomasse qui alimentera une extension du réseau de chaleur déjà existant à Lambersart, et donc des logements et équipements publics sur le parcours, au nord du site
- un lot dédié à un parking silo (à étages) de 280 à 300 places, juste en dessous, à proximité de la rue de Madrid
- un lot pour des logements avec des commerces en rez-de-chaussée en bordure de la rue Eugène-Descamps
- un lot pour des logements avec des services en rez-de-chaussée en bordure de la rue Eugène-Descamps
- quatre lots de logements, l’un en coeur du site, les autres à l’est, le long de la rue Winston-Churchill et côté cité Jolivet
- un lot pour une résidence étudiante et des logements au sud-est, côté cité Jolivet
Il a été précisé que les logements conventionnés seront davantage dans les deux îlots donnant sur la rue Eugène-Descamps, mais aussi répartis dans les autres lots, et que la résidence étudiante, dont le programme est également conventionné, sera gérée par l’Université Catholique de Lille.
Attention à la biodiversité et place de la voiture limitée
S’agissant des espaces publics, « une attention particulière a été portée à l’existant » et des espaces à ne pas construire, car riches de biodiversité, ont été délimités, notamment une zone humide au nord-ouest du site. Ailleurs, le site est actuellement très imperméabilisé, et une renaturation est nécessaire pour gérer localement les eaux pluviales et créer des îlots de fraîcheur, a expliqué la paysagiste de Slap. Un grand espace vert humide, créé au nord ouest du site, ne sera pas ouvert à tous mais seulement surplombé par une passerelle en bois. Il sera aussi côtoyé par une micro-forêt. Un espace vert avec une mare sera aménagé au sud du projet.
La place de l’automobile sera très limitée à l’intérieur du site, conformément à la concertation : les accès voiture concerneront deux lots de logements au nord du site, rue Winston-Churchill, ainsi que la chaufferie et le parking silo (dont un parking pour les visiteurs), avec accès depuis l’entrée de la rue de Madrid. Une vingtaine de places de stationnement est prévue le long de la rue Eugène-Descamps, devant les futurs commerces et services. Pour le reste, les trajets à l’intérieur du site se feront en mode actif : à pied, à vélo… Ces cheminements ou drèves déboucheront aussi sur la rue Vieille et la rue Eugène-Descamps. Ainsi, l’imperméabilisation des sols est limitée.
On retiendra aussi que sont prévus une place centrale, une aire de jeux pour enfants et un bâtiment à usage du public ou associatif qui n’est pas encore défini. Parmi les services envisagés, une crèche et une maison médicale. Autre volonté : visualiser l’histoire du site avec le réemploi de briques.
Les étapes suivantes ont été annoncées. Très prochainement, en même temps que la mise en application prochaine du PLU3, intégrant l’orientation d’aménagement et de programmation du site, les propriétaires déposeront le permis d’aménager. Puis ce sera, en toute fin d’année, le début de la démolition des structures restantes, autorisée, elle, par un permis de démolir, et le dépôt des différents permis de construire relatifs à chaque lot. Trois cabinets d’architecture, dont Saison Menu, se répartissent la conception des différents lots, mais la cohérence sera garantie par le cabinet Saison Menu. Ensuite, place aux travaux de voirie, d’aménagements, et aux premières constructions, pour l’instant envisagées fin 2025.
Des inquiétudes et des réponses
C’était ensuite le temps des questions-réponses, pour lesquels des élus ont également été sollicités : Nicolas Burlion, conseiller délégué à l’urbanisme, et Héloïse Gerber, adjointe à la démocratie participative. Au sujet de la pollution du site, le promoteur a répondu que tout le désamiantage des bâtiments avait été réalisé en 2023, et qu’il restait juste un peu de pollution sur le sol à purger pendant les travaux. Il a également expliqué qu’un référé préventif était initié pour toutes les maisons en bordure du site, ce qui signifie qu’un état des lieux sera fait par un expert nommé par le tribunal avant les travaux. S’agissant du stationnement, beaucoup d’inquiétudes se sont manifestées. Il a été précisé que l’accès au parking silo serait régulé par des barrières, mais il n’est pas légal d’obliger les locataires des logements conventionnés à louer la place de stationnement qui leur serait réservée. Dans ce cas, les places restantes pourront être louées à d’autres habitants du nouveau quartier. Par ailleurs, le stationnement sera réglementé en courte durée devant les commerces prévus rue Eugène-Descamps. Pour le reste, la verbalisation des contrevenants pourra être dissuasive.
Au sujet des déplacements, l’implantation d’une station V’Lille à proximité a été demandée à la MEL. Le problème d’affluence dans le métro a été souligné dans l’assistance, mais le réseau sera amélioré quand le programme sera sorti de terre. S’agissant de la place du vélo, le projet tient compte du développement des pistes cyclables à Lambersart, de la rénovation de la rue Eugène-Descamps, et de la création prochaine d’une « autoroute à vélo » avenue de Dunkerque. Sans oublier la voie verte qui sera aménagée le long de la voie ferrée. D’autres personnes se sont inquiétées de la densification de la circulation dans un quartier déjà difficile en la matière. Une représentante de l’association AULLA (Aménager autrement Lomme Lambersart) a regretté que le changement de vie pour les riverains soit peu abordé, et que le choix n’ait pas été fait de privilégier « des maisons » et « un cadre de vie aéré ».
Pour conclure, Nicolas Bouche, maire, qui a assisté à toute la réunion, a conclu : « Encore une fois, beaucoup d’inquiétudes se sont manifestées, elles sont légitimes. On peut y répondre de façon technique, comme cela a été fait. Sur ce qui est plus politique, la mairie ne peut pas résoudre les problématiques de santé, de parkings, de déplacements d’un claquement de doigts. Ce que je peux vous dire, c’est que nous allons continuer à nous adapter aux projets privés. Sur celui-ci, il y a eu une dizaine de réunions de concertation, et je serai intraitable sur le respect de ce qui a été concerté pour écrire l’OAP, c’est mon pouvoir ». Enfin, à l’issue de la réunion, l’assistance a pu visualiser plus précisément ce qui a été présenté sur la maquette en 3D mise à disposition.