En 2024, 3,8 millions de personnes souffrent du mal logement en France*. Lors de la Journée du Refus de la Misère, le CCAS a donné la parole à ceux qui l’ont vécu
Née de l’initiative de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, à Paris en 1987, la Journée du refus de la misère est officiellement reconnue par les Nations Unies depuis 1992. Devenue une Journée mondiale, elle donne la parole aux personnes directement concernées sur les conditions indignes qu’elles vivent, sur les résistances quotidiennes qu’elles rencontrent, et leurs aspirations.
À partir du thème de 2024, « Agir contre la maltraitance sociale et institutionnelle », le Centre Communal d’Action Sociale, le service habitat et Pierre Bertin, élu à l’action sociale, aux solidarités et au logement ont eu l’idée de donner la parole à des Lambersartoises qui « ont vécu ou qui vivent la crise du logement comme une maltraitance ».
Après une matinée consacrée à des ateliers animés par les partenaires comme le Graal, EDF, Adil, Mission Habitat et le CCAS autour des questions d’accession, d’économies d’énergie, de salubrité..., l’après-midi a débuté par des stands d’information sur les droits et devoirs du locataire avec l’Adil, le maintien à domicile des personnes âgées et les dispositifs d’accès prioritaires par Soliha et le Graal. La parole était ensuite donnée aux habitants.
Trouver un logement
C’est Chavvi qui s’est exprimée la première. Son expérience montre que l’accès au logement social peut passer par plusieurs étapes. Originaire du Cambodge, elle a d’abord vécu chez son frère pour une courte période. Habitée « par le stress d’être en autonomie », Chavvi a été accompagnée par le CCAS et a pu accéder à un logement tremplin.
Petit à petit, elle a pris confiance avec l’accompagnement effectué par Soliha « qui m’a trouvé un logement adéquat près de chez mon frère, j’ai pu enfin défaire mes cartons ». Claudie a fait part d’une autre expérience, celle d’adapter son logement à son handicap. Lambersartoise depuis 1957, elle a vécu « à la cité d’urgence, rasée pour faire place au périphérique », puis rue Molière « dans un appartement non adapté que Vilogia a réaménagé ». Mais voilà, le Pacot-Vandracq a fait peau neuve et il a fallu déménager « à Lambersart, je ne me voyais pas vivre ailleurs », développe Claudie.
Pendant onze ans, elle vivra résidence des Ormes « dans un logement où la salle de bain et la cuisine sont adaptées ». Ensuite, Claudie a voulu se rapprocher de sa mère au Béguinage, elle a pu s’y installer grâce au concours du bailleur et du CCAS. Pour conclure, Claudie a donné pour conseil « d’évoluer et de croire en soi ».
Meryem a témoigné sur la difficulté croissante du bien vivre ensemble. « Je suis arrivée dans un logement social en 2002 après une séparation. Au début, c’était très bien, il y avait un concierge qui encadrait les locataires et il régnait une solidarité entre les voisins. La disparition du concierge qui facilitait la communication et les déménagements successifs ont été à l’origine d’une situation dégradée ».
Meryem pointe du doigt les petites incivilités d’hygiène ou de respect et notamment la gestion du local poubelles. Attachée à son lieu de vie, Meryem pose la question : « Que pouvons-nous faire pour que cela se passe mieux ? » Isabelle, le dernier témoin a aussi eu un parcours de vie compliqué « par un divorce en 2015 ». Elle confesse avoir « vécu chez l’un, chez l’autre ».
Ensuite, Isabelle a testé presque tout ce qui existe en matière de logement en location, un véritable parcours du combattant : « La colocation, mais j’étais la seule à payer le loyer ». Victime d’un infarctus, elle a « vécu dans un logement médicalisé ».
Ensuite elle a beaucoup bougé : « À Lesquin puis à Fives en studio, accompagnée par une éducatrice ».
Comme beaucoup, Isabelle n’a pas assez de mots pour remercier le travail du CCAS et des associations « parce que grâce à eux, j’ai enfin un logement social et je suis au calme ».
Pour finir, la parole a été donnée aux participants de la table ronde. Certains ont pointé le manque de logements, d’autres ont aussi rendu hommage à l’action des assistantes sociales de Lambersart et de la chance de la ville d’avoir vu le quartier du Pacot-Vandracq entièrement réhabilité, « ce n’est pas comme ça partout » a souligné l’un des participants.
*chiffres fondation Abbé-Pierre