Lambersart se transforme pour se préparer à l’avenir. Un des défis est la construction de nouveaux logements. C’est une nécessité mais pas n’importe comment : la municipalité impose la concertation aux promoteurs.
Bertin Lembrez, conseiller délégué au logement
« Construire des logements, un besoin pour nos concitoyens et une obligation »
Pourquoi Lambersart a besoin de nouveaux logements ?
Le besoin en logements est toujours aussi important en France, sur le territoire de la MEL et à Lambersart. À Lambersart, les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 1975, la ville a gagné plus de 3000 logements mais a perdu 2500 habitants ! C’est principalement dû à l’évolution de la cellule familiale : aujourd’hui, on compte 2,31 habitants par foyer lambersartois et presque la moitié de ces foyers est composée d’une seule personne. Construire des logements, c’est permettre à Lambersart de conserver sa population. De plus, notre ville est très attractive et le prix des biens vendus augmente. Cela ne permet plus aux ménages d’effectuer leur premier achat à Lambersart. Réaliser un parcours résidentiel classique, débutant par la location d’un premier appartement jusqu’à l’achat d’un bien, devient impossible, en particulier dans le cas de la primo-accession.
Pourquoi le manque de logements pose-t-il un problème fiscal ?
Comme nous le craignions à notre arrivée à la tête de la ville, nous avons perdu cette année la Dotation de Solidarité Urbaine attribuée par l’État, d’un montant de 1,3 million d’euros. Les raisons : nous avons trop peu d’habitants éligibles à l’APL, le revenu moyen des Lambersartois augmente, et nous ne respectons pas la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) qui impose 25 % de logements conventionnés.
Nous en sommes à 17,71 %. Cela nous occasionne une amende supplémentaire de 313 000€. Et tout cela, 1,6 million d’euros en moins, chaque année, représente près de 5 % du budget de fonctionnement de la ville. Pour rappel, au-delà de l’aspect financier, en 2024, 69 maires qui refusaient de faire des efforts ont été destitués de leur droit d’instruire les permis de construire !
Quels logements souhaitez-vous ?
Pour pouvoir à la fois recréer un parcours résidentiel et respecter la loi, nous avons besoin de tous types de logements : en accession à la propriété, sociaux, intermédiaires, adaptés aux personnes en situation de handicap, pour les personnes âgées, en cherchant à ce qu’il y ait une vraie mixité. Cela correspond aussi à la mise en oeuvre du Plan Local d’Habitat de la MEL. Tous les quartiers sont concernés. Mais on souhaite que ces logements soient respectueux de l’identité de Lambersart. Par exemple, on essaie d’imposer plus de 50 % d’espaces verts, une qualité architecturale importante, des commerces et des services afférents. La limite est que la plupart des projets se font sur des terrains privés, qu’il y a un cadre légal et des contraintes financières.
Nicolas Burlion, conseiller délégué à l’urbanisme
« La concertation fait toujours évoluer positivement les projets immobiliers »
À quoi sert la démocratie participative pour les projets immobiliers à Lambersart ?
Dans un projet immobilier sur un terrain privé, la Ville ne peut pas imposer grand chose au promoteur si le cadre légal * est respecté dans le permis de construire. La propriété privée est un droit inaliénable en France. Donc la municipalité comme les habitants peuvent se retrouver avec des constructions sur lesquelles ils n’ont pas prise. En revanche, la Ville peut imposer pour chaque projet une concertation, et c’est ce que nous faisons. Pourquoi ? Pour mobiliser l’intelligence collective. L’architecte n’habite pas là où le projet est prévu, mais les habitants du quartier, eux, connaissent les détails du site. Ainsi, nous demandons l’organisation de réunions de concertation, souvent avec des ateliers participatifs, qui permettent aux habitants de donner leur avis et même d’imaginer les grandes lignes du projet.
Qu’est ce que cela change dans les projets ?
Beaucoup ! Si vous avez participé, vous avez été écouté, et le projet en tient compte. Par exemple, pour le premier projet pour lequel nous avons imposé de la concertation, celui de la ferme de la rue de Lompret, l’architecte avait l’idée d’un bâtiment classique identique sur toute sa longueur en front à rue, et grâce à la concertation, nous aurons un séquençage vertical de la façade pour reprendre l’esprit des maisons de ville de la rue. Sur les ex-Briqueteries du Nord, c’est à la demande des habitants que la place de la voiture sera énormément réduite. Pour le terrain avenue Lyautey, plusieurs projets ont été réalisés pour prendre en compte les demandes très précises des riverains, y compris sur les vis-à-vis. Je voudrais aussi insister sur l’harmonie du résultat : la concertation permet que le projet soit le plus harmonieux possible, qu’il se marie vraiment avec le contexte du site, et cela, ça n’est possible que si l’on « vit le site ».
Quelle est la difficulté de la concertation ?
La concertation permet à tout le monde de s’exprimer, mais cela ne veut pas dire que tous les avis sont mis en oeuvre dans le projet, car l’architecte et le promoteur essaient de trouver un compromis tandis que la Ville est garante de l’intérêt général. Donc cela peut être frustrant. Mais le résultat sera toujours meilleur avec concertation que sans.
*Plan Local d’Urbanisme, Plan Local d’Habitat, normes de construction, etc, et si nécessaire autorisation de l’Architecte des Bâtiments de France.
La carte des projets
Retrouvez les projets en cours ou à venir sur Lambersart. Il est important de préciser qu'aucun de ces projets n'est à l'initiative de la Ville, mais bien de propriétaires privés ou de collectivités territoriales. La mairie n'a vendu aucun terrain ces 4 dernières années. Pour de nombreux projets, vous pouvez encore participer à la concertation.
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Davantage d’espaces verts protégés sur notre territoire
Si certains terrains de Lambersart mutent, la Ville s’attache en même temps à protéger davantage l’existant, essentiellement les espaces verts et arborés.
« Notre objectif est d’avoir un équilibre entre les deux pour préserver l’identité de Lambersart », précise Nicolas Burlion. « Grâce à des inscriptions dans le PLU 3 (Plan Local d’Urbanisme) et dans le PLU 3.1, sa version en cours de mise à jour, des parcelles publiques et mêmes privées ne pourront pas être utilisées à l’avenir, et ne seront jamais construites, dans l’intérêt général ».
En effet, si les différents parcs et espaces verts publics étaient déjà protégés, certains oublis sont comblés : par exemple des parcelles vertes de taille réduite que sont l’aire de jeux rue Marcel-Derycke, la micro-forêt derrière la rue de Lompret, l’espace entre les rues Juin et Cassin, mais aussi des linéaires de haies qui font l’identité des quartiers.
Le PLU3 a aussi intégré la protection de quelques grands jardins d’habitations privées, en particulier à Canteleu et au Canon d’Or, très minéraux. Au total, plus de 30 % du territoire de Lambersart, dont l’essentiel
en parcelles de verdure ou agricoles et un petit pourcentage en équipements publics, est ainsi sanctuarisé !
Enfin, la municipalité a fait inscrire au PLU3 la notion de coefficient de biodiversité, qui permet d’imposer davantage de verdure dans les projets dans les quartiers qui en manquent, grâce à de la végétalisation sur les toitures, parkings, façades, etc.