Depuis le Moyen-Age existait la ferme du fief de la Carnoy, dont le nom signifie « terrain planté de charmes » en vieux picard. Les censiers en 1780 et 1800 étaient les Roussel, puis Tirant-Roussel en 1830, une des grosses fortunes du village.
Ernest Bruyère, filateur de lin dont l'usine de Lomme est proche, achète le domaine de la Carnoy, fait raser la ferme, aménage le parc et y construit au fond sa maison de campagne en 1876. Après un problème familial, Désiré Bruyère revend le domaine en 1881 au filateur lillois Edmond Descamps : la maison deviendra une dépendance du futur château.

En 1883, pour leur 40 ans de mariage, Edmond et Eugénie Descamps-Groulois finissent la construction de leur château de la Carnoy dans un parc paysager à l'anglaise. Ils ont aussi une blanchisserie rue de la Carnoy, qui sera vendue aux Sdez en 1890. Ils se sont inspirés de châteaux belges de style Néo-Renaissance flamande, notamment à Boitsfort,banlieue verte de  Bruxelles. Ce style mêle la Renaissance italienne, exprimée dans la loggia et les arcs en plein cintre, à l'héritage médiéval local. En effet, le Gothique des tours à couvrement en ardoise et des arcs brisés est associé au Régionalisme flamand des pignons à redents, motifs des briques en losange, cordons et angles en pierre.

Les façades sont composées de trois volumes distincts, homogénéisés par le motif commun des briques. Les deux façades principales sont orientées vers la rue de la Carnoy et face au parc alors traversé par une allée arborée joignant l'avenue de Dunkerque. La façade avec salons et belles chambres est tournée vers le bassin d'agrément, tandis que la façade de service avec cuisines fait face aux dépendances et aux serres.

Le hall de réception, les salons, l'ancienne salle de billard et le bureau d'Edmond Descamps puis Auguste Bonte maintenant au service de l'urbanisme, ont gardé leur cachet XVIIè siècle avec des boiseries sculptées et des plaques de cheminées en fonte. 

Le carrelage du hall d'accueil est d'origine, mêlant fleurs de lys et roues dentées ; on retrouve ce modèle dans le choeur de l'église de Bouvines construite à la même époque. Le château est surélevé sur un vaste sous-sol. Le soubassement est en grès réticulé, ce qui protège de l'humidité.
La fille unique d'Edmond, Marguerite épouse en 1877 Auguste Bonte, négociant lillois, président du Tribunal de Commerce de Lille, officier de réserve dans l'artillerie. Il vient habiter au château après le décès d'Edmond en 1889, et devient conseiller municipal de Lambersart. Républicain progressiste, Auguste Bonte est promu adjoint du nouveau maire Félix Clouët des Pesruches aux élections de 1892. Auguste et Marguerite ont quatre filles : Marie décédée à 2 ans, Agnès qui vivra centenaire (1881-1981), Marguerite-Marie et Brigitte.

Eugénie Descamps-Groulois en 1902 puis Marguerite Bonte-Descamps en 1908 décèdent.
Maire de Lambersart en 1897 après la mort de Félix Clouët, et député-maire de 1902 à 1906, Auguste Bonte, arrêté en octobre 1914 et mars 1916 avec de durs séjours en prison, meurt en exercice le 25 juillet 1916 des suites des maltraitances de l'armée d'occupation allemande pour actes de désobéissance. Il nous a légué grâce à sa passion de la photographie de nombreux clichés de Lambersart et de sa famille au château.

En indivision après-guerre, et suite à la vente de terrains avoisinants en 1928 (prolongement des rues Volta et des Aubépines, nouvelle rue Auguste Bonte tracée), le château en mauvais état à cause de l'occupation allemande de 1914-18 est repris en 1930 par Marguerite-Marie et Charles Spriet-Bonte avec leurs nombreux enfants; ils y habitent jusque 1939.
Leur fils Philippe décède au combat en 1940, Charles en meurt de chagrin. Le château sera encore occupée de 1940 à 1944. En 1944 les dépendances sont détruites pendant un bombardement anglais visant la gare de Lomme-Délivrance ; la cité d'urgence voisine, construite en 1942 sur une partie du domaine de l'autre côté de la rue de la Carnoy, est durement touchée avec de nombreuses victimes à déplorer. Marguerite-Marie Spriet-Bonte vend le château et son parc à la ville de Lille en 1946 et part habiter la villa St-Charles.

Le château Bonte devient centre technique d'apprentissage en 1949. Une fois le lycée technique construit à Lomme, le château Bonte accueille en 1971 une école de plein air de Lille pour enfants à la santé fragile. En 1986, une société immobilière achète le château et son domaine.

Sauvé de la destruction par la mairie qui l'achète en 1988, il est réhabilité pour accueillir des services et baptisé Centre Charles de Gaulle en 1990, pour le centenaire de la naissance à Lille du général-président. Une partie du parc est lotie en cité pavillonnaire avec une convention de parc pour préserver les plus beaux arbres.Le syndicat d'initiative « Les Amis de Lambersart » créé en 1924 s'installe alors dans l'ancienne conciergerie, seul vestige des dépendances du château. Les deux façades principales sont restaurées entre 2009 et 2011. Côté rue de la Carnoy, un éclairage nocturne met en valeur le château, autre fleuron du patrimoine remarquable de Lambersart.