La genèse du Canon d'Or
Le quartier tire son nom du cabaret Canon d’Or créé en 1792 (ex-La Cayère). Il accueillait les militaires de la citadelle et les archers locaux tirant à la perche à l’oiseau. Cette clientèle influence le peintre Calixte Serrur (1794-1865), célèbre pour son tableau «Ajax» visible au Palais des Beaux-Arts de Lille. Il passe en effet son enfance au cabaret tenu par ses parents. La façade de 1910 sera ornée du canon. L’établissement, cinéma Rex de 1946 à 1978, redevient en 2011 cabaret-spectacle. Proche de Lille, ce secteur urbanisé dès 1885 par les frères Becquart, l’avocat Pottier et le brasseur Vandame, voit s’installer des maisons d’employés à proximité des châteaux de la rue de Lille. Seule industrie du quartier, la brasserie Leigniel embauchait des ouvriers logés rue Crespi. Il ne reste de nos jours que son écurie, transformée en office notarial.
Maire de Lambersart de 1816 à 1830, Charles Marlier, imprimeur du Roi, achète l’ancien château des seigneurs du fief de la Cueillerie. Il est rénové en 1893 en maison de campagne, le Castel Fleuri, par sa petite nièce, Eugénie Legrand. Elle donnera une partie du domaine pour l’édification de l’église paroissiale Saint Gérard en 1909. Le Castel fleuri disparaît en 1962, faisant place à la résidence de l’avenue du Canon d’Or. L’église est remplacée en 2005 par un centre pastoral. Quant au Castel Saint Gérard, ancien château des Nuytten donné en 1942 à la paroisse, il brûle en 1968. La propriété est cédée en 1983 à la mairie, qui l’aménage en jardin public et centre culturel.
L'ancienne église et le centre pastoral St-Gérard Majella du Canon d'Or
Le lotissement de la pépinière
L’arrivée du tramway électrique X en 1908 rue de Lille favorise le développement du Canon d’Or. La ligne relie le Bourg de Lambersart à Lille via le Pont Royal.Richard Bailly (1818-1913) maire de 1876 à 1888 habitait au n°100 de la rue de Lille, artère alors bordée de villas-châteaux. Il lotit sa pépinière en y traçant des avenues aux noms de botanistes célèbres : de Jussieu, Le Nôtre…et le sien. D’élégantes maisons y sont bâties de 1910 à 1935.La villa André conçue par l’architecte Fayolle en 1913 avenue de Jussieu au n°15 rompt la tradition classique avec sa grande baie circulaire d’inspiration Art Nouveau tout comme les sgraffites, dessins gravés et peints sur les façades des villas Fernande et Béthanie aux n°12 et n°13.
Inscrite aux Monuments Historiques pour son originalité, l’étroite maison au n°60 avenue Bailly-Ducroquet est une prouesse verticale, ménageant des volumes anguleux en relief sur la façade en retrait. En béton et ciment coiffée d’un portique à auvent, elle est l’oeuvre de l’architecte Alphonse Stevens en 1932. L’alignement central de platanes, peu fréquent à Lambersart, est planté en 1930 lorsque la voie devient publique. L’avenue Becquart longtemps coupée par la pépinière relie en 1922 le Bourg au Canon d’Or. L’avenue Marceau est tracée en 1905 par l’entreprise Derville, ainsi que la rue de l’abbé Lemire en 1931.
Avenue et place de la République
Georges Petit, maire de 1925 à 1929, souhaite développer Lambersart en favorisant les liaisons avec Lille. L'avenue du bois de la Deûle tracée sur les pâtures Liébart devait ainsi relier la rue Solférino. Elle prend ensuite le nom de la République comme la place voisine inaugurée en 1930.
L'école de garçons du Canon d'Or "Albert Samain" de 1931 est édifiée par l'architecte Albert Baert, qui l'agrandit d'une aile en 1939. En 1956,des artistes du "Groupe de Roubaix" (Jean Roulland, Arthur Van Ecke) et de "l'Atelier de la Monnaie" (Roger Frézin,Claude Vallois, Lyse Oudoire, Jean Brisy, Adolphe Deronne) décorent les dix nouvelles salles de classe de l'étage. L'ex école maternelle La Fontaine est bâtie en 1912,rue Kléber. Agrandie en école de filles de 1927 à 1932, elle adopte le nom de sa fondatrice, Eugénie Watteau, qui crée de nombreuses œuvres sociales à Lambersart avec son mari, secrétaire général de la mairie. L'actuelle école maternelle de plein air La Fontaine est construite en 1955. Enfin, le nouveau lycée Jean Perrin ouvre en 1960 après le déclassement de la zone militaire autour de la Citadelle. L'avenue de la République offre à la vue de séduisantes façades pittoresques et Art Déco des années 1925-1955. L'ancien maire Henri Delécaux lotit la future rue Picavet en 1930 près de son château des Viviers.