Vivantes ! au Colysée jusqu'au 8 décembre 2024

Julie Glassberg

Stayin’ Alive

À une époque où l’espérance de vie s’allonge, la vieillesse est envisagée comme un fardeau face auquel une attitude empathique est de mise, d’autant que les seniors ont été sous les feux des projecteurs pendant la pandémie de Covid. Je suis allée à la rencontre de ces seniors pour qui la vie ne s’est pas arrêtée après l’âge de la retraite. Il y a celles et ceux qui dansent, celles et ceux qui travaillent encore, celles et ceux qui font du sport, ou qui tombent amoureux... J’ai pris pour point de départ les thés dansants et autres bals dont certains existent depuis plus de 20 ans dans des lieux mythiques tels que La Coupole et Le Duplex, à Paris ou encore Le Manoir, à Bailleul. Le désir est bien là ! Mais le regard infantilisant de la société tend à limiter les occasions. Alors certes, l’enveloppe change et se transforme, mais sa beauté est une question de perception, et si le feu intérieur brûle toujours, il n’est pas question de l’éteindre.

Julie Glassberg a étudié le photojournalisme et la photographie documentaire à l’International Center of Photography, à New York. Après sept ans dans cette ville, où elle collabore avec The New York Times, elle s’installe un an à Tokyo. Elle s’intéresse à la diversité des cultures, aux milieux underground et aux marginaux de la société. Son travail est publié dans la presse internationale et a été récompensé à plusieurs reprises.

Anaïs Oudart

Héroïnes 17 

Aujourd’hui en France, l’âge moyen de la décohabitation avec les parents se situe à environ 23 ans et l’accès à l’emploi stable à environ 27 ans. Les mesures de protection de l’enfance, elles, s’arrêtent à 18 ans et un jour. De nombreux jeunes sans famille doivent se préparer à être autonomes à un âge où la grande majorité prolonge naturellement son adolescence. Bien que le gouvernement ait admis cette injustice, cette situation de précarité extrême perdure : 40% des SDF de moins de 25 ans viennent de l’Aide Sociale à l’Enfance. Partant de ce constat, j’ai décidé de me concentrer sur des jeunes femmes, entre 18 et 25 ans, qui ont connu enfant ou adolescente une situation de rupture familiale, afin de témoigner de leurs difficultés à se construire seules, sans parents ni famille. Nombreuses ont connu ou connaissent une situation de précarité de logement, certaines ont un parcours d’errance, d’autres ont eu recours à la prostitution comme moyen de s’en sortir. Toutes continuent d’avancer malgré le manque de soutien, de repères et de logement. Alors que pour certaines les difficultés perdurent, d’autres réussissent à se stabiliser et s’engagent naturellement vers la protection de l’enfance. Cette série témoigne d’enfances chaotiques et précaires. Elle présente des portraits de femmes dans leur parcours de réinsertion, qui doivent se battre plus fort que les autres pour essayer d’arriver au même niveau. 

Formée à l’École des beaux-arts de Bordeaux puis auprès de photographes de mode et portraitistes tels Jean-Baptiste Mondino, Jean-Paul Goude ou Denis Rouvre, elle explore la fragilité humaine. Elle répond également aux commandes d’ONG et de maisons du luxe. En 2022, elle est lauréate de la bourse du nap pour sa série « L’Étreinte du Serpent », sur le viol comme arme de guerre en République démocratique du Congo. 

Julie Bourges

Les eaux-fortes 

“La mer est aussi imprévisible que les femmes.” “Femmes à bord, diable au lest. “Deux maux sans remèdes, le vent et les femmes.” En mer, les femmes ont longtemps été perçues comme une menace pour un navire et son équipage. Et si des figures féminines étaient érigées comme déesses protectrices à la proue des bateaux, il ne fallait ni embarquer de femmes ni en croiser une avant de monter à bord. Bien qu’elle soit ancestrale, cette légende pèse encore aujourd’hui sur celles qui travaillent en mer. L’univers marin reste très masculin et une femme doit, bien plus que le reste de l’équipage, faire ses preuves et se faire sa place. Camille, Louise, Alice et Gwen sont marins-pêcheurs, respectivement à Ploubazlanec près de Paimpol, Loctudy, St Jean de Luz et au Grau-du-Roi. 

À chaque fois qu’elles embarquent pour une saison de pêche, elles creusent le sillon de ces femmes fortes et déterminées qui bravent les éléments et les contraintes de leur métier. Une activité majoritairement pratiquée par des hommes et de plus en plus menacée par la pêche industrielle, qu’elles exercent par amour de la mer et du travail au grand air. Les eaux-fortes sont le récit initiatique de ces figures féminines viscéralement liées à la mer et qui déjouent les croyances et les superstitions en décidant de vivre leur vocation. Il raconte l’odyssée intime de ces héroïnes des mers qui, en prenant le large, partent conquérir leur liberté et (ré)écrivent leur légende. 

Après une formation en photojournalisme, Julie Bourges se consacre à l’actualité et au documentaire. Tout en assurant des travaux de commande pour la presse, elle met en images des univers oscillant entre abstraction et onirisme. Inspirée par Federico Fellini, Theo Angelopoulos ou Italo Calvino, elle élabore des images minimalistes, fragmentaires et hors du temps qui laissent place à l’imagination.

Cédric Calandraud

Être et devenir une fille d’ici 

Elles s’appellent Océane, Léa, Kara, elles ont entre 15 et 25 ans et sont lycéennes en apprentissage, assistantes maternelles, aides à domicile, caissières.

Elles habitent au coeur de la Charente-Limousine, un territoire qu’elles décrivent elles-mêmes par « le manque » de transports, d’emplois, de services publics, de commerces, de lieux de sociabilité.

Pourtant, malgré cet isolement géographique et cette précarité exacerbés par la crise sanitaire, ces jeunes femmes restent attachées à leur territoire où elles perpétuent un style de vie simple et rural. Elles mènent des vies sur le fil, mais des vies solidaires qui font la part belle à l’amitié, au travail et au fait de garder une bonne réputation.

Cette enquête immersive documente le temps qu’elles consacrent aux autres et explore leurs stratégies de résistance pour se créer des espaces de liberté et profiter de leur jeunesse.

Elle s’inscrit dans un projet photographique au long cours intitulé Le reste du monde n’existe pas que je mène depuis 2019 auprès de la jeunesse charentaise qui grandit et reste vivre sur ce territoire que j’ai moi-même quitté à l’âge de 18 ans. 

Aimée Thirion

Femmes d’ailleurs, ici 

Je lui prends la main. Je lui explique que l’on peut arrêter l’interview. Elle essuie ses larmes, me regarde droit dans les yeux et s’exclame : « C’est important de raconter ! Pour nos enfants, aussi, ils ont le droit de savoir ! ». J’ai rencontré des femmes qui ont osé prendre la route, certaines accompagnées, d’autres seules. Parce qu’au pays, il y a les violences basées sur le genre, la dictature, la guerre, la misère, la faim... Parce qu’au pays, elles risquent la mort.

Je les ai vu belles, déterminées, souvent meurtries par un parcours que l’on peine à imaginer, mais debout, encore ! Elles sont de plus en plus nombreuses sur les routes migratoires, avec ou sans enfants. Les dangers, elles connaissent bien, la peur aussi, mais le désir de vivre est plus fort que tout.

C’est un projet qui parle d’exils, de courage. Au départ, une série de portraits, en France, en 2022, de ces femmes trop souvent invisibilisées, accompagnées par le CADA (commission d’accès aux documents administratifs) de Saint-Bazile et l’Auberge Marseillaise, à Marseille, et les associations J’En suis, J’Y Reste de Lille, du Secours Catholique de Lille et de Calais. Une rencontre avec celles qui ont tant à nous apprendre.

Née en France en 1969, Aimée Thirion est photojournaliste depuis 1999. Elle travaille pour Le Monde, Libération, Les Jours, El Pais Semanal. En parallèle, elle s’investit dans des projets en France, en Algérie, au Liban, et réalise des expositions. Depuis 2004, elle couvre la situation des réfugiés palestiniens et syriens au Liban ainsi que les conditions de vie des travailleuses domestiques migrantes. 

Anouk Desury

Les poings ouverts

Loin d’être un sport anodin, la boxe demande un engagement du corps et de l’âme. En retour, elle apporte, bien plus que toute autre éducation, une confiance en soi. « Les poings ouverts » est le récit de vie de quatre jeunes Roubaisiens qui ont choisi la boxe pour réussir. Parmi eux, Shaïna, qui découvre la boxe en 2018, à l’âge de 10 ans. Elle accroche instantanément avec la discipline mais aussi avec l’ambiance familiale du club de boxe roubaisien Aspeel Team. Elle y pratique la muay thaï, le K1 et le kick boxing. Sa mère la voit changer, évacuer ses rancoeurs, sa colère à travers l’effort. La boxe lui apporte au quotidien une détermination qui lui permet aussi de surmonter ses difficultés scolaires. Grâce à sa pratique assidue – quatre entraînements hebdomadaires au club et des séances quotidiennes de renforcement musculaire chez elle – elle devient dès ses 15 ans championne de France à plusieurs reprises et a été repérée pour intégrer l’équipe de France. Au-delà du ring, ces photographies dépeignent le dépassement, les heures d’entraînement, la persévérance dans les épreuves, les aspirations et les combats d’une nouvelle génération.

Originaire de banlieue parisienne, Anouk Desury s’installe à Roubaix en 2016. En 2017, elle entame un travail auprès des habitants d’un quartier roubaisien en rénovation. Elle s’intéresse ensuite à une famille immigrée de Roubaix, aux soignants du HU de Lille pendant la pandémie et à l’association Solfa qui s’occupe de femmes victimes de violences. Elle diffuse ses images dans la presse quotidienne régionale et nationale. Elle est membre de l’agence Light Motiv.

Ulrich Lebeuf

Isabelle, Amandine et Matthew

Ulrich Lebeuf a rencontré Isabelle et sa fille Amandine, il y a dix ans, à l’occasion d’un reportage photographique commandé par le Secours Catholique sur la précarité en milieu rural, dans la Somme. Il a donné lieu à la série “Les oubliés de nos campagnes”. Depuis, Isabelle et sa fille Amandine ont quitté leur maison isolée en zone rurale pour s’installer en ville, dans des appartements HLM conjoints, à Gien. Amandine, jeune mère de 25 ans, partagée entre ses études en Lettres modernes, l’éducation de son fils Matthew âgé de 4 ans, et son travail auprès des personnes âgées, devient le sujet principal de ce second chapitre. Si leurs conditions de vie restent précaires et leurs relations familiales complexes, les photographies témoignent de l’amélioration de leur situation économique et sociale et se veulent porteuses de perspectives d’avenir. La série est une forme d’hommage du photographe à Amandine, à son caractère volontaire et à sa détermination. Pour ce projet au long cours, Ulrich Lebeuf prévoit de continuer à documenter leurs dix prochaines années, jusqu’à ce que Matthew ait l’âge de sa mère au moment de leur première rencontre.

Ulrich Lebeuf travaille depuis plus de vingt ans sur les terrains de l’actualité, les lieux de conflits et de pouvoir. Ses travaux sont publiés dans Le Monde, Libération, The New York Times, Grazia, VSD, Géo, M. Il développe également des travaux personnels alternant les techniques – couleur, noir et blanc, Polaroid, procédés proches de l’art pictural.

Olivia Gay

À domicile

À la suite de la crise sanitaire, nous avons pris conscience du rôle essentiel de certains métiers souffrant d’un manque de visibilité et de reconnaissance. Dans le cadre de la grande commande photographique du ministère de la Culture intitulée : « Radioscopie de la France : Regards sur un pays traversé par la crise sanitaire », j’ai proposé un projet portant sur le métier de soignant·e à domicile, en zone rurale comme en milieu urbain. Ce métier est essentiellement exercé par des femmes.

Comment le travail de ces personnes s’organise-t-il au quotidien ? Et quelle place ont-elles dans la vie des patient·es ? Ce travail a consisté essentiellement à suivre et à accompagner pendant plusieurs jours des personnes soignant·e·s lors de leurs tournées à domicile dans des communes en Picardie, en Normandie, en Île de France et à Marseille. Mon intention était de chercher à représenter le soin à travers la relation entre soigneur·euses et soigné·es, pour donner à voir le caractère humain de ces métiers invisibilisés. En photographiant ces professionnel·les du soin, j’ai pris conscience de l’importance de leur rôle dans la vie de personnes fragilisées par la maladie, la vieillesse et l’isolement. Le soin ne se limite pas à accomplir un geste technique, il consiste aussi et surtout à prendre soin de l’être humain dans sa « globalité » : être à l’écoute, transmettre un esprit positif, rendre un service, donner un conseil, prendre le temps d’un café, d’un gâteau…

Tous ces petits moments de la vie quotidienne qui semblent anodins « comptent ». Pour ces soignant·es, le travail à domicile est un véritable choix, qui leur permet de dispenser un soin plus authentique et donc, humain.

Mercedes Klausner

Née à Buenos Aires, Mercedes Klausner est une artiste visuelle argentine basée à Roubaix (France).

À travers sa pratique artistique, elle s’'intéresse à notre rapport à la mémoire et à la disparition (induite par l'humain). Questionnant la frontière entre visible et non-visible ou entre absence et présence, ses travaux se caractérisent suivant par l'utilisation de dispositifs de dévoilement d'images qui invitent à réfléchir sur l'acte de faire disparaître et sur les impacts possibles de cette action sur la société.

Les médias qu' elle utilise sont principalement le dessin et l'installation, qu’elle combine récemment à la recherche d'expériences plus immersives.

Filtre Magique est une installation participative, évolutive et itinérante qui interroge la rareté des modèles féminins dans l'Histoire.

Le public est chargé d'activer le dispositif composé d'une collection de portraits dessinés sur verre. A l'aide de torches de téléphones portables, plusieurs personnalités méconnues ou oubliées sont révélées.

Depuis sa première exposition en 2022, le projet s'élargit grâce aux propositions du public et à diverses initiatives régionales.

www.mercedesklausner.com

Infos pratiques

  • Horaires

L'exposition est ouverte du 7 septembre au 8 décembre 2024

Du mercredi au dimanche 13h/18h

Entrée libre

Accueil des groupes sur inscription obligatoire

  • Renseignements

Le Colysée, maison Folie de Lambersart, avenue du Colysée, berges de la Deûle
métro Bois Blancs/ligne 2 | stations V'Lille Bois Blancs/Marx Dormoy/Hippodrome
Le Colysée 03 20 006 006 - cultureatville-lambersart [point] fr (culture[at]ville-lambersart[dot]fr)

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