Du 8 avril au 27 août 2023 au Colysée de Lambersart

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Les cartes sont des objets fascinants dont on ne peut définir tous les potentiels en quelques mots. Parfois véritables objets d'art, parfois insolites, complexes, ou simplement informatives, elles sont des outils indispensables pour se situer dans le monde et le comprendre.

Les cartes montrent en tout petit des territoires gigantesques, là d’où je viens, là où je dois aller me réfugier, là où décidément je n’irai jamais, détaillent un ici dont je connais tous les contours, suggèrent un ailleurs pour le rêve et l’imaginaire.

Objets politiques et stratégiques tout autant que poétiques et méditatifs... pas étonnant que les artistes s'en soient toujours saisis!

L'exposition donne à voir les oeuvres de onze artistes intéressé.e.s d’une manière ou d’une autre par les cartes - via le paysage, la richesse de la toponymie, le tracé de chemins, la rigueur des plans, l’imaginaire des mappemondes, les traversées de frontières…
Il s’agit de Laura Ancona, Belinda Annaloro, Céline Boyer, Sébastien Cabour, Armelle Caron, Marie Chéné, Pauline Delwaulle, Martin Granger, Anna Guilló, Jérémie Lenoir et Frédéric Tentelier. Quelques cartes de notre patrimoine local et des curiosités cartographiques complètent l’ensemble.

Au rez-de-chaussée du Colysée, nous accueillons également jusqu’au 2 juillet les travaux des élèves de 12 classes de Lambersart : guidés par leurs professeur.e.s, les enfants ont pu réfléchir ensemble à leur cour de récré rêvée en utilisant des outils de la cartographie sensible. Ce projet a pu voir le jour grâce à un partenariat avec le CAUE du Nord (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement).

L’EXPOSITION EST SOUTENUE PAR LE RÉSEAU DES FABRIQUES CULTURELLES DE LA MÉTROPOLE EUROPÉENNE DE LILLE.

Stockage, Hoek van Holland, 2021

Jérémie Lenoir

Le travail de Jérémie Lenoir tente de construire une anthropologie des paysages contemporains tout en explorant les limites du médium photographique. Ses oeuvres expriment la nécessité de s’échapper du constat ou du documentaire pour recréer une intimité avec le monde qui nous entoure.

Aussi est-il important pour lui de rappeler que rien dans ses photographies n’est truqué, retouché, effacé ou ajouté.

L’exposition au Colysée rassemble des oeuvres de NORD (2014-2015) sur la reconversion du patrimoine industriel entre Arras et Anvers, de DUST (2015- 2017) sur l’entropie dans les territoires du Great Salt Lake de l’Utah, de LANDER (2017-2021) sur l’exploitation du charbon le long du Rhin, ainsi qu’un tirage en volume du work-in-progress TOPOLOGIES expérimentant une forme d’archéologie du présent.



jeremielenoir.com

Belinda Annaloro

Belinda AnnaloroArtiste associée à ALBA FLUOR, Belinda Annaloro vit tous les aspects de la vie comme une aventure artistique, le tout avec une bonne dose d’autodérision.

Le projet « Listes de noms de villes, villages, lieux-dits du Nord-Pas de Calais et de Belgique » réunit son envie d’exploiter le potentiel graphique des cartes et son intérêt pour les mots, leur potentiel musical, et tout ce dont sont chargés les noms de lieux, qui lus les uns après les autres nous donnent à entendre comme une langue inconnue aux sonorités étranges, presque comique.


albafluor.net

Darmia, série des Îles indicibles, 2022

Martin Granger

Outre un attachement à la langue et à la musique, une constante du travail de Martin Granger serait d’essayer de ne jamais faire deux fois la même chose, avec pour résultat qu’il ne s’ennuie jamais.
Au hasard de ses promenades urbaines, il débusque des cartographies insulaires dans des murs décrépits, des flaques d'eau, des plaques de métal corrodées, des trous dans la chaussée, des lichens… et même un moule à tarte. Ces paysages microcosmiques appellent des contrées imaginaires dont il ne reste plus qu'à inventer l'histoire : un jeu d'enfant.

Martin Granger expose également une ramée : un poème qui épouse la forme d'un graphe arborescent, en l'occurrence ici la structure du bassin hydrographique de l'Amazone."

martingranger.net

ça fait tache, 2015-2023

Anna Guilló

Anna Guilló travaille sur la cartographie alternative et ses enjeux politiques. Elle est membre du collectif antiAtlas des frontières ainsi que du collectif HIC SUNT dont les membres sillonnent la cartographie à travers dessins, performances, sculptures et vidéos. Artiste-chercheuse, elle dirige par ailleurs la revue d’art et d’esthétique Tête-à-tête. Ses oeuvres sont régulièrement exposées en France et à l’étranger et figurent dans de nombreuses collections publiques et privées. Ça fait tache est une découpe de la carte de la Méditerranée dans un linoléum rouge. Installée au sol et forçant la vision en plongée, cette oeuvre fonctionne, de près ou de loin, avec son pendant, Ça fait vide (2015-2023) qui laisse apparaître la place vide de la forme dans le rectangle du même linoléum. La production est simple, l’évocation évidente.

annaguillo.org

Pour le sommet, 2019

Pauline Delwaulle et Sébastien Cabour

Pauline Delwaulle développe une pratique aux multiples facettes dont le vecteur commun est de révéler ce que l’on ne voit plus. La cartographie et le paysage sont au coeur de ses réflexions : elle interroge notre rapport au monde, questionne notre regard quotidien, revendique la carte qui n’est pas le territoire et invite à rêver un ailleurs toujours proche. Elle présente plusieurs oeuvres dans l’exposition. Mappemonde joue avec la représentation de notre globe terrestre dont l’ordre se voit bouleversé par pliage. Cinq haïkus cartographiques, issus d’une série de boucles vidéos commandée par le Mucem pour l'exposition « Le temps de l'île », nous donnent à voir des cartes en mouvement.

Pour le sommet est le fruit d’une travail en binôme avec Sébastien Cabour. Diplômé de l’École nationale supérieure Louis-Lumière puis du Fresnoy, Studio national des arts contemporains, il partage ses activités entre création artistique et ingénierie sonore : radio, cinéma, art contemporain. Il s’agit d’une reconstitution de la voie historique des Grands Mulets, empruntée pour la conquête du mont Blanc. La compilation des traces GPS des alpinistes et des skieurs menant au sommet a permis de s’approcher au plus près du dessin de cette voie. Celle-ci n’est plus empruntée aujourd’hui, les multiples effondrements rocheux l’ont rendue impraticable.

cargocollective.com/paulinedelwaulle

Waïs, série Empreintes, 2022

Céline Boyer

La série Empreintes a débuté par un questionnement sur ses origines. Pour rendre hommage à son arrière-grand-père, qui a vécu l’exil, Céline Boyer eu l’idée de superposer la carte des monts Oural à la main de son père, petit-fils de l’exilé. Cette cartophotographie est devenue le vecteur d’un récit, un prétexte pour s’ouvrir à l’autre et se raconter. Au fil des rencontres, elle a poursuivi ce travail artistique et cartographique. Empreintes nous livre un tour d’horizon des mouvements migratoires parfois subis, parfois choisis, toujours marqueurs d’identités. La représentation cartographique d’une terre d’origine vient rencontrer le portrait d’une main toujours unique, combinée à des récits de souvenirs, de peurs ou d’espoirs. Cette nouvelle série d’Empreintes, réalisée spécialement pour la ville de Lambersart avec des habitants, est dans la continuité de ses travaux antérieurs.

celineboyer.com

Le Havre rangé (détail), 2012

Armelle Caron

Véritable globe trotteuse, Armelle Caron a voyagé à travers le monde et a parcouru tous les continents terrestre desquels elle s’est inspirée pour nourrir son travail artistique.
Pour la série Les villes rangées, emblématique du travail d’Armelle Caron, l’artiste exécute une série d’actions : extraction, démantèlement, morcellement, restructuration, réorganisation, manipulation, orientation et pour finir le rangement de chaque parcelle dans un ordre subjectif et selon la typologie de chaque élément.

Euro-safari, 2021

Laura Ancona

Laura Ancona réalise ses dessins principalement à l'aquarelle. Ses oeuvres qui s’inspirent d’éléments architecturaux et de design, fusionnent des formes
insolites pour composer des aires de jeux ou parcs d'attractions imaginaires dans un univers carnavalesque à la végétation luxuriante.

« Euro-safari » est une commande du magazine Citizen K. Il s’agissait d’illustrer un article sur le re-ensauvagement de l'Europe, observé durant et après la crise sanitaire. Bisons, ours, aigles, esturgeons et phoques reviennent… dans ce contexte, l’artiste a réalisé une carte de l'Europe en 3D afin d'y placer les espèces animales correspondant aux pays cités.

L’inventaire-Artothèque Hauts-de-France
Créée en 2009, l'inventaire développe un service itinérant et solidaire de prêt d'oeuvres d'art pour les habitants et structures de la région Hauts-de-France afin de permettre à un large public de se familiariser avec la création contemporaine. Suivant le même principe qu'une bibliothèque, chacun a la possibilité d'emporter plusieurs oeuvres originales par mois pour les exposer à la maison ou sur son lieu de travail, favorisant ainsi la présence de l'art dans les lieux privés et professionnels. Pour l’exposition Déplier le monde, nous avons profité de ce service pour emprunter 4 oeuvres de Laura Ancona et Armelle Caron.

Un tracé, partition, 2018-2023

Frédéric Tentelier

Les partitions graphiques de Frédéric Tentelier sont le plus souvent construites comme des cartes topographiques. Il s’agit de les déplier, de les parcourir, puis de décider d’un mouvement, d’un déplacement. Choisir un point de départ et d’arrivée, ou plusieurs. Emprunter des détours, s’arrêter, rebrousser chemin… C’est une sorte d’errance anticipée mais à l’intérieur de laquelle les plans peuvent changer, en fonction des événements sonores ou spatiaux qui se produisent.  Les travaux présentés ici s’inspirent d’éléments cartographiques (frontières, flèches…) couplés à des éléments musicaux classiques (portées, notes…). La partition graphique est finalement un langage aux codes et aux symboles définis et accessibles, destinée à agencer des sons, des silences et des espaces dans un schéma temporel.

frederictentelier.com

Marie Chéné

Communes communes

Il y a en France 35 000 communes environ, dont 1 200 portent un nom qui est aussi un nom commun : Menton, Rennes, Rodez, Paris, mais aussi Éclose, Aime, ou Les Fins permettent d’écrire des textes qui sont également des itinéraires.

Savoir que derrière chaque mot utilisé se tient une commune, sa mairie, ses habitants, des jardins et des écoles, leur donne une saveur particulière, un ancrage. Couper ce vocabulaire de son origine géographique serait l’appauvrir, lui ôter sa raison d’être. Ainsi, l’artiste tient à manifester, d’une manière ou d’une autre, sa provenance, le situer dans son contexte, dire où elle l’a trouvé.

Marie Chéné habite Marseille, aime s’asseoir au café Debout pour boire un café allongé, pratique la lecture de dictionnaires, écrit avec le nom des villes, remixe les audio-guides, joue avec les échos, provoque la rencontre du mot et de la motte. Elle va poreuse.

Projet « ma cour rêvée »

À l'initiative de la Ville, dans le cadre de son projet éducatif territorial, une démarche de concertation autour des enjeux de végétalisation et de l'aménagement inclusif et partagé des cours d'école s'est engagé dans les écoles publiques de Lambersart.

Avec l'appui du CAUE du Nord (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et d’Environnement) , les équipes pédagogiques ont été invitées à impliquer les élèves dans le projet. Deux sessions de formations animées par le CAUE ont eu lieu afin de donner les outils nécessaires aux personnels pédagogiques pour animer
ensuite des ateliers cartographiques avec les élèves.

Le résultat de ces ateliers est exposé au rez-de-chaussée du Colysée dans le cadre de l’exposition Déplier le monde, jusqu’au 2 juillet 2023.

Merci aux équipes pédagogiques et aux élèves des écoles Pasteur, Louise de Bettignies, Victor Hugo, Samain, Watteau.

Infos pratiques

Le Colysée, maison Folie de Lambersart, avenue du Colysée, berges de la Deûle | 03 20 006 006

Ouvert du mercredi au dimanche de 13h à 18h.

Métro Bois blancs (ligne 2) / stations V’Lille Bois blancs, Marx Dormoy ou Hippodrome.